Lounis Aït Menguellet :est un chanteur Kabyle, né le 17 janvier 1950 à Ighil Bouammas (« le côteau du milieu »), petit village niché dans les chaînes montagneuses du Djurdjura, près de Tizi Ouzou en Algérie.
Lounis Aït Menguellet est certainement l'un des artistes les plus populaires et les plus attachants de la chanson kabyle contemporaine, un poète qui est devenu le symbole de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la Kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d'ajouter qu'il ne fait jamais de politique.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Ahkim ur nsaa ara ahkim (Pouvoir sans contre-pouvoir), Idul sanga anruh (Le chemin est long), Nekni swarach n ldzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.
En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts
Lounis Aït Menguellet est certainement l'un des artistes les plus populaires et les plus attachants de la chanson kabyle contemporaine, un poète qui est devenu le symbole de la revendication identitaire berbère. À propos des évènements qui ont secoué la Kabylie ces dernières années, il dit que, égale à elle-même, la région est un bastion de la contestation et qu’elle a toujours été à l’avant-garde des luttes. « Je parle de la Kabylie à ma façon, afin d’apporter quelque chose pour que les choses évoluent », avant de s’empresser d'ajouter qu'il ne fait jamais de politique.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. Ahkim ur nsaa ara ahkim (Pouvoir sans contre-pouvoir), Idul sanga anruh (Le chemin est long), Nekni swarach n ldzayer (Nous, les enfants d’Algérie) : Aït Menguellet choisit délibérément dans ses concerts récents de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invitation lancée à son public à une réflexion et à une découverte.
En présentant son nouvel album à la presse, le 16 janvier 2005, à la veille de sa sortie le jour de son cinquante-cinquième anniversaire, à la Maison de la Culture de Tizi Ouzou, Lounis a fait remarquer que « l’artiste ne fait qu’attirer l’attention des gens sur leur vécu et interpeller leur conscience. C’est déjà une mission et je ne me crois pas capable d’apporter les solutions aux problèmes ». Aigri par la situation sociale et politique de son pays déchiré, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts
Dernier né d’une famille de six enfants - il a trois sœurs et deux frères -, Lounis Aït Menguellet nait dans le village d'Ighil Bouammas, près de Tizi Ouzou le 17 janvier 1950, un peu plus de quatre ans avant le déclenchement de l'insurrection qui apportera, après huit années d'une guerre sans merci, l'indépendance à son pays.
Il a vécu une enfance difficile, partagé entre sa région natale et Alger où il s'installera un temps chez ses frères Smail et Ahmed. Ses parents exerçaient une activité de commerçants. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie ». Il aura à peine le temps de commencer ses études primaires à l'école de son village : « J’y suis allé pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddines ».
La suite ? « Elle a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger où j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique dans lequel je suis resté trois ans ».
Au cours de la dernière année, Lounis doit tout abandonner après la mort, dans un accident de la circulation, de son grand frère, jeune commissaire de police à Alger, qui l’avait à sa charge et s'occupait de lui depuis le départ du père à Oran.
Pendant ses études - il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique - il s'éprend de Littérature, grâce à un professeur particulièrement pédagogue, et commence à écrire des poèmes, qu'il chante dans la plus pure tradition orale de la poèsie berbère.
Obligé de travailler pour vivre, Lounis trouve un emploi de secrétaire subdivisionnaire au ministère des Travaux publics. Mais, parallèlement, il commence à se lancer dans la chanson, sans penser encore à devenir chanteur.Ses débuts dans la chanson remontent, à l'année 1968. Il avait à peine dix-huit ans lorsqu'il crée avec quelques copains le groupe Imazighen. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kbylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, et j’en garde un très bon souvenir. C’était notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisés ». Des pères blancs avaient mis à leur disposition une pièce pour que le groupe puisse répéter. Et au 1er étage, Mouloud Mammeri dispensait des cours de Tamazight; Lounis apprendra l'alphabet Tifina grâce à l'écrivain.
Un an plus tôt, en 1967, son cousin Ouahab l’avait pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission Nouva Ihafadhen de la Radio kabyle que Cherif Kheddam, une grande figure de la modernisation de la chanson Kabyle, consacre à la découverte des « chanteurs de demain ». Il y chante sa première chanson, composée en 1966, à l'âge de seize ans, à la suite de sa première (et dernière, avouera-t-il plus tard) déception amoureusee, Ma trud ula d nek kter (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Celui qui avait l'habitude de chanter entre copains sous le clair de lune d'Ighil Bouammas, son village natal, devient, en quelques mois, cette idole qui bouleverse les cœurs. Sa carrière est lancée.
Ce cousin s'occupait du groupe, et jouait un peu le rôle de manager. « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Puis, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même duré près de trois ans ».
De retour chez lui à Ighil Bouammas, Lounis est recruté comme secrétaire à la Kasma de la région, et il se marie. Mais il doit quitter son travail, après seulement quelques mois d’exercice, pour partir sous les drapeaux. Sa première fille - il aura au total six enfants - vient au monde alors qu’il accomplissait son instruction à Blida, avant d’aller faire ses dix-huit mois à Constantine.
C’est également pendant cette période que Lounis prendra son véritable départ dans la chanson. Toujours grâce à son cousin Ouahab, qui avait pris contact avec un éditeur, Yahia L’hadi (qui était aussi un célèbre chanteur arabe oranais), il enregistre en 1969 à Oran quatre chansons; dont la toute première, Ma trud ula d nek kter, pour ses deux premiers 45 tours, sortis en même temps.
Avec l'aide d'un de ses amis, Kamel Hamadi, il surmonte les obstacles imposés par la vie militaire pour continuer à enregistrer : « Kamel m’avait, en fait, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission le week-end, et il me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. À l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine le dimanche en soirée ».
C’est ainsi qu’il ne se rendra compte du succès remporté par son second tube A Louiza, qui avec Ma selber assure définitivement sa popularité, que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne… ».
Il a vécu une enfance difficile, partagé entre sa région natale et Alger où il s'installera un temps chez ses frères Smail et Ahmed. Ses parents exerçaient une activité de commerçants. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie ». Il aura à peine le temps de commencer ses études primaires à l'école de son village : « J’y suis allé pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddines ».
La suite ? « Elle a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger où j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique dans lequel je suis resté trois ans ».
Au cours de la dernière année, Lounis doit tout abandonner après la mort, dans un accident de la circulation, de son grand frère, jeune commissaire de police à Alger, qui l’avait à sa charge et s'occupait de lui depuis le départ du père à Oran.
Pendant ses études - il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique - il s'éprend de Littérature, grâce à un professeur particulièrement pédagogue, et commence à écrire des poèmes, qu'il chante dans la plus pure tradition orale de la poèsie berbère.
Obligé de travailler pour vivre, Lounis trouve un emploi de secrétaire subdivisionnaire au ministère des Travaux publics. Mais, parallèlement, il commence à se lancer dans la chanson, sans penser encore à devenir chanteur.Ses débuts dans la chanson remontent, à l'année 1968. Il avait à peine dix-huit ans lorsqu'il crée avec quelques copains le groupe Imazighen. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kbylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, et j’en garde un très bon souvenir. C’était notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisés ». Des pères blancs avaient mis à leur disposition une pièce pour que le groupe puisse répéter. Et au 1er étage, Mouloud Mammeri dispensait des cours de Tamazight; Lounis apprendra l'alphabet Tifina grâce à l'écrivain.
Un an plus tôt, en 1967, son cousin Ouahab l’avait pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission Nouva Ihafadhen de la Radio kabyle que Cherif Kheddam, une grande figure de la modernisation de la chanson Kabyle, consacre à la découverte des « chanteurs de demain ». Il y chante sa première chanson, composée en 1966, à l'âge de seize ans, à la suite de sa première (et dernière, avouera-t-il plus tard) déception amoureusee, Ma trud ula d nek kter (Si tu pleures, moi je pleure encore plus). Celui qui avait l'habitude de chanter entre copains sous le clair de lune d'Ighil Bouammas, son village natal, devient, en quelques mois, cette idole qui bouleverse les cœurs. Sa carrière est lancée.
Ce cousin s'occupait du groupe, et jouait un peu le rôle de manager. « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Puis, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même duré près de trois ans ».
De retour chez lui à Ighil Bouammas, Lounis est recruté comme secrétaire à la Kasma de la région, et il se marie. Mais il doit quitter son travail, après seulement quelques mois d’exercice, pour partir sous les drapeaux. Sa première fille - il aura au total six enfants - vient au monde alors qu’il accomplissait son instruction à Blida, avant d’aller faire ses dix-huit mois à Constantine.
C’est également pendant cette période que Lounis prendra son véritable départ dans la chanson. Toujours grâce à son cousin Ouahab, qui avait pris contact avec un éditeur, Yahia L’hadi (qui était aussi un célèbre chanteur arabe oranais), il enregistre en 1969 à Oran quatre chansons; dont la toute première, Ma trud ula d nek kter, pour ses deux premiers 45 tours, sortis en même temps.
Avec l'aide d'un de ses amis, Kamel Hamadi, il surmonte les obstacles imposés par la vie militaire pour continuer à enregistrer : « Kamel m’avait, en fait, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission le week-end, et il me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. À l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine le dimanche en soirée ».
C’est ainsi qu’il ne se rendra compte du succès remporté par son second tube A Louiza, qui avec Ma selber assure définitivement sa popularité, que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne… ».
Aït Menguellet était sans doute loin d’imaginer qu’il venait d’entamer une longue carrière, et que, par la suite, cette période des débuts serait qualifiée « d’années d’or », titre donné en 1987 à la réédition de ses premières chansons. À ce sujet, il précise avec modestie : « Ce titre je n’ai jamais eu la prétention de le proposer. C’est l’éditeur qui s’en est servi sans même m’aviser. Je n’aurais jamais osé. Je l’ai découvert comme tout le monde sur les jaquettes des cassettes rééditées. Alors s’il est mauvais je ne suis pas responsable, et si les gens ont trouvé qu’il convient, je n’ai aucun mérite non plus ».
Dès le départ, il se situe en rupture avec les orchestrations luxuriantes (et souvent inutiles à son avis) de la musique « berbère » de cette époque. Son langage est à la fois poétique et revendicatif. Il est devenu un symbole de la musique amazighe, à tel point qu'on l'a souvent qualifié de Brassens kabyle.
Dans les années soixante-dix, il s'installe quelque temps en France, où il s'impose comme l'une des grandes figures de la chanson kabyle dans l'émigration. Il passe une première fois à l'Olympia en 1978, fait le plein au Zénith de Paris en 1985, et remplit toujours les stades de Tizi Ouzou, de Béjaïa et la salle Atlas à Alger. À partir de cette période, il commence à devenir le symbole de la revendication identitaire berbère qu'ii exprimera de façon éclatante une décennie plus tard, lorsqu'il délaissera les chansons sentimentales de ses débuts pour adopter un style plus philosophique, plus politique, qui ira en s’affirmant avec des chansons fondatrices comme Agu (le Brouillard), Tibratin (Missives) et surtout Idaq wul (le Cœur oppressé).
Les gens se reconnaissent dans le malaise social dépeint par Aït Menguellet. Ses textes contiennent cette dose de subversion nécessaire à la prise de conscience d’un peuple qui revendique son identité. Lounis Aït Menguellet dérange. Le 25 octobre 1985, il est condamné à trois ans de prison ferme pour « détention illégale d’armes de chasse et de guerre ». Il est mis en isolement durant trois mois. Malgré les aléas de la conjoncture et de l’ingratitude humaine, il reste le plus populaire des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond. Parce qu’il a su garder sans doute un parfait équilibre entre l’inspiration et la technique et qu’il constitue un moment fort de la chanson kabyle moderne et de la chanson algérienne contemporaine.
Dès le départ, il se situe en rupture avec les orchestrations luxuriantes (et souvent inutiles à son avis) de la musique « berbère » de cette époque. Son langage est à la fois poétique et revendicatif. Il est devenu un symbole de la musique amazighe, à tel point qu'on l'a souvent qualifié de Brassens kabyle.
Dans les années soixante-dix, il s'installe quelque temps en France, où il s'impose comme l'une des grandes figures de la chanson kabyle dans l'émigration. Il passe une première fois à l'Olympia en 1978, fait le plein au Zénith de Paris en 1985, et remplit toujours les stades de Tizi Ouzou, de Béjaïa et la salle Atlas à Alger. À partir de cette période, il commence à devenir le symbole de la revendication identitaire berbère qu'ii exprimera de façon éclatante une décennie plus tard, lorsqu'il délaissera les chansons sentimentales de ses débuts pour adopter un style plus philosophique, plus politique, qui ira en s’affirmant avec des chansons fondatrices comme Agu (le Brouillard), Tibratin (Missives) et surtout Idaq wul (le Cœur oppressé).
Les gens se reconnaissent dans le malaise social dépeint par Aït Menguellet. Ses textes contiennent cette dose de subversion nécessaire à la prise de conscience d’un peuple qui revendique son identité. Lounis Aït Menguellet dérange. Le 25 octobre 1985, il est condamné à trois ans de prison ferme pour « détention illégale d’armes de chasse et de guerre ». Il est mis en isolement durant trois mois. Malgré les aléas de la conjoncture et de l’ingratitude humaine, il reste le plus populaire des chanteurs kabyles. Et surtout le plus dense et le plus profond. Parce qu’il a su garder sans doute un parfait équilibre entre l’inspiration et la technique et qu’il constitue un moment fort de la chanson kabyle moderne et de la chanson algérienne contemporaine.
Après près de quarante ans de carrière, plus de 200 chansons produites (il affirme être incapable lui-même d'en donner le nombre exact) et une notoriété bien établie, Lounis Aït Menguellet est toujours resté « ce campagnard fier », « ce montagnard au fort caractère », essayant de couler des jours paisibles dans son village d'Ighil Bouammas près de Tizi Ouzou. « La vie au village n’est pas aussi ennuyeuse qu’on le pense. Le village où l’on est né présente des attraits que d’autres personnes ne peuvent pas voir. Le fait de me réveiller le matin et de voir la même montagne depuis que je suis né m’apporte toujours quelque chose. »
Victime d'un lynchage en 2001, lié à la situation difficile que connait l'Algérie depuis le début des années 1990, il écrit deux ans plus tard Nedjayawen amkan (On vous a laissé la place), qui est censée être une chanson-réponse à cet évènement dont il refuse de parler.
En 2005, il sort un nouvel album Yennad Umghar (Le sage a dit), et fait remarquer que la sagesse qu’il chante dans ses chansons est puisée chez les petites gens qu’il côtoie. Le titre le plus long de l'album - il dure 8' 22" - Assendu n waman (Les brasseurs de vent) dénonce à la fois les manipulateurs d’opinion qui ont un rang officiel, mais également, toutes les voix officieuses, partisanes, généralement adeptes de la politique politicienne. Lounis constate que les brasseurs de vent « viennent, promettent. Et reviennent, oublient. Et disent, c’est ainsi que se font les choses ». Nul acteur politique n’est épargné, et c’est justement ce que certains reprochent à Aït Menguellet : son manque d’engagement. Il rétorque qu’il n’est pas chanteur engagé par vocation. Lui, il est humaniste, rebelle, observateur et porte-voix des petites gens, des humbles, de toutes ces voix écrasées par toutes sortes d’hégémonies, que l'on ne laisse jamais s'exprimer.
Victime d'un lynchage en 2001, lié à la situation difficile que connait l'Algérie depuis le début des années 1990, il écrit deux ans plus tard Nedjayawen amkan (On vous a laissé la place), qui est censée être une chanson-réponse à cet évènement dont il refuse de parler.
En 2005, il sort un nouvel album Yennad Umghar (Le sage a dit), et fait remarquer que la sagesse qu’il chante dans ses chansons est puisée chez les petites gens qu’il côtoie. Le titre le plus long de l'album - il dure 8' 22" - Assendu n waman (Les brasseurs de vent) dénonce à la fois les manipulateurs d’opinion qui ont un rang officiel, mais également, toutes les voix officieuses, partisanes, généralement adeptes de la politique politicienne. Lounis constate que les brasseurs de vent « viennent, promettent. Et reviennent, oublient. Et disent, c’est ainsi que se font les choses ». Nul acteur politique n’est épargné, et c’est justement ce que certains reprochent à Aït Menguellet : son manque d’engagement. Il rétorque qu’il n’est pas chanteur engagé par vocation. Lui, il est humaniste, rebelle, observateur et porte-voix des petites gens, des humbles, de toutes ces voix écrasées par toutes sortes d’hégémonies, que l'on ne laisse jamais s'exprimer.
Ni philosophe, ni penseur, tout juste poète (« on me le dit si souvent que je commence à y croire »), Lounis s'interdit, dans ses chansons, de donner des leçons. « Je ne fais que de l’observation. Elle peut être juste ou fausse. Mes mots ne sont pas des vérités générales. Mais, quand je les dis, ça me fait du bien ». Avec des mots simples, il raconte la vie des gens simples qu'il cotoie, et sait transmettre une émotion qui touche un public de plus en plus nombreux, qui se presse à ses concerts. Et, avec modestie, il ajoute : « Je suis un homme ordinaire, plus ordinaire que les ordinaires ».
La voix envoûtante et profonde de Lounis Aït Menguellet porte un chant qui vient du fond des âges ; c'est celle des troubadours du Moyen Age
La voix envoûtante et profonde de Lounis Aït Menguellet porte un chant qui vient du fond des âges ; c'est celle des troubadours du Moyen Age
, celle des musiciens traditionnels de tous les peuples qui ont su préserver leur âme. Par sa seule magie, cette voix chaude transporte ceux qui l'écoutent au cœur de la Kabylie. Troubadour, chanteur-compositeur, Aït Menguellet perpétue cette tradition orale des montagnes kabyles qu'a si bien mise en évidence avant lui le grand poète Si Mohand, décédé en 1906, et qu'a chantée Taos Amrouche, sœur du poète Jean Amrouche, décédée en exil, en Tunisie.
Dans un texte à propos de la défense de la langue kabyle, le grand écrivain algérien Kateb Yacine, décédé en 1989, rend hommage à Lounis Aït Menguellet :
« (…) Et comme l'ignorance engendre le mépris, beaucoup d'Algériens qui se croient Arabes - comme certains s'étaient crus Français - renient leurs origines au point que le plus grand poète leur devient étranger :
J'ai rêvé que j'étais dans mon pays
Au réveil, je me trouvais en exil
Nous, les enfants de l'Algérie
Aucun coup ne nous est épargné
Nos terres sont devenues prisons
On ferme sur nous les portes
Quand nous appelons
Ils disent, s'ils répondent,
Puisque nous sommes là, taisez-vous !
Incontestablement, Ait Menguellet est aujourd'hui notre plus grand poète. Lorsqu'il chante, que ce soit en Algérie ou dans l'émigration, c'est lui qui rassemble le plus large public ; des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au cœur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents :
Dors, dors, on a le temps, tu n'as pas la parole.
Quand un peuple se lève pour défendre sa langue, on peut vraiment parler de révolution culturelle »
Kateb Yacine (Extrait de « Les ancêtres redoublent de férocité »).
« (…) Et comme l'ignorance engendre le mépris, beaucoup d'Algériens qui se croient Arabes - comme certains s'étaient crus Français - renient leurs origines au point que le plus grand poète leur devient étranger :
J'ai rêvé que j'étais dans mon pays
Au réveil, je me trouvais en exil
Nous, les enfants de l'Algérie
Aucun coup ne nous est épargné
Nos terres sont devenues prisons
On ferme sur nous les portes
Quand nous appelons
Ils disent, s'ils répondent,
Puisque nous sommes là, taisez-vous !
Incontestablement, Ait Menguellet est aujourd'hui notre plus grand poète. Lorsqu'il chante, que ce soit en Algérie ou dans l'émigration, c'est lui qui rassemble le plus large public ; des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au cœur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents :
Dors, dors, on a le temps, tu n'as pas la parole.
Quand un peuple se lève pour défendre sa langue, on peut vraiment parler de révolution culturelle »
Kateb Yacine (Extrait de « Les ancêtres redoublent de férocité »).
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