11/09/2007

APERCU HISTORIQUE SUR BEJAIA


Située au coeur de l’espace méditerranéen, Béjaia, ville d’Algérie qui donna son nom aux petites chandelles (les Bougies) et à partir de laquelle les chiffres arabes ont été popularisés en Europe, renferme de nombreux sites naturels et vestiges historiques, qui témoignent encore aujourd’hui des fastes de sa longue histoire. Son tissu urbain est caractérisé par une continuité ininterrompue d’occupation depuis l’antiquité. En effet, l’occupation préhistorique de la région de Béjaia est remarquable par les nombreux sites et gisements Ibéromaurusiens (de - 200.000 à - 10.000 ans) que l’on rencontre, notamment dans les Babors septentrionaux. Sous forme de semis d’industries de plein air ou d’habitats d’abris sous roche, ces gisements ont livré de nombreux restes humains se rapportant à la première nappe d’Homo sapiens d’Afrique du Nord, l’Homme de Mechta-Afalou, des industries, des structures d’habitats et surtout, des manifestations artistiques.
La position géographique privilégiée de la région se prêtait à l’installation d’un comptoir phénicien ou punique. De fait, un habitat phénicien serait attesté par une sépulture dont la chronologie demeure cependant à contrôler. Un culte à saturne, fortement marqué par la tradition autochtone y est connu.
C’est en 27 - 26 avant J.C que le romain Octave y fonda la colonia Julia Aug²usta Saldensium Septimana Immunis, pour les vétérans de la legio VII Augusta. Au moment de la constitusion de la colonie, cette région n’aurait pas encore appartenu à l’empire, mais elle se serait trouvée à la frontière du royaume de Juba II. Ce n’est qu’en 42 après J.C que fut créée la province de Mauritanie Césarienne. A la suite de la réforme de Dioclétien, le territoire de la ville devint partie intégrante de la Mauritanie Sitifienne. La ville fut siège épiscopal, comme l’atteste la mention d’un évêque Salditanus dans la Notitia episcoprum de 484.
Le ravitaillement en eau de la ville était assuré par un aqueduc qui captait la source de Toudja, sur la flanc du massif de Tadrart Aghbalou, à 16,5 Km à l’Ouest de Saldae. Une célébre inscription de lambèse nous renseigne sur les péripéties liées au creusement du canal pour le passage de l’aqueduc. Selon les thèses traditionnelles, l’aqueduc aurait constitué un exemple d’ouvrage de génie civil, réalisé par la main d’oeuvre militaire. D’après les nouvelles conclusions de J.P laporte (1994), la première intervention, vers 137, se serait limitée à une étude de faisabilité. Les travaux auraient duré de 4 à 6 ans et le rôle de l’armée se serait cantonné à la mise à disposition du chantier d’un technicien de haut niveau (un géomètre spécialisé), en la personne de Nonius Datus.
Vers le milieu du XI-ème siècle, la carte politique du Maghreb est bouleversée. Le royaume berbère des Hammadites, en conflit avec les Almoravides à l’Ouest et avec les zirides a l’Est, transfert sa capitale de la Qal`a vers Bgayet. L’antique Saldae inaugure ainsi son rôle historique et deviendra d’une des villes les plus prospères du Maghreb. En 1136, elle repoussa une expédition de la flotte gênoise, mais fût prise par les almohades en 1152. Elle redevint une place commerciale, scientifique et culturelle prospère sous les Hafsides (XIII-ème - XV-ème siècle). Cette période médiévale représente l’âge d’or de la ville, notamment grâce à l’impulsion du prince Hammadite al-Nasir. Tour à tour capitale d’un état indépendant, puis chef lieu de province d’un empire, la configuration de la population (qui selon le voyageur léon l’africain s’éleva à plusieurs dizaines de milliers d’habitants) était très significative. Cette population était constituée en majorité de Kabyles et d’andalous. Il y avait aussi une importante communauté espagnole (al-Jama`a al-Andalusiya) cohérente et dirigée par un Cheikh. Enfin il y avait un fort groupement de juifs, ainsi qu’une colonie chrétienne. La présence de cette dernière est attestée par la fameuse letre du pape Grégoire VII au souverain al-Nasir en 1076. Selon Mas latrie qui a publié ce document d’archive, « jamais pontife romain n’a aussi affectueusement marqué sa sympathie à un prince musulman ». Par la suite, les relations officielles et commerciales avec les républiques chrétiennes de Gênes, Pise, Venise, Marseille, Catalogne et enfin Majorque sont caractérisées par la signature de traités de commerce, de paix, traités sur les biens des naufragés,....L’importance de ce commerce est illustrée par la présence dans la ville de Founduks et de consultats de ces républiques chrétiennes :
Achat de marchandises Maghrébines et Sahariennes, de produit de l’artisanat local, notamment les « petites chandelles » de Bougie. En effet, selon le géographe al-Idrissi : « Les marchands de cette ville sont en relation avec ceux de l’Afrique occidentale ainsi qu’avec ceux du Sahara et de l’Orient ». « Les vaisseaux qui naviguent vers elle » passaient par l’arceau de Bab al-Bahr (la porte de la mer) et faisaient réparer leurs avariees sur les chantiers de Dar es Senaa.
Le rôle joué par Bougie dans la transmission du savoir au Moyen âge est confirmé par les séjours plus ou moins longs de personnalités scientifiques et littéraires prestigieuses, versées dans tous les domaines de la connaissance : le métaphisicien Andalou Ibn Arabi, le mathématicien italien leonardo Fibonacci, le philosophe catalan Raymond Lulle, l’historien « Tunisien » Ibn Khaldun, le Poète scilien Ibn Hamdis,....Il en est de même pour les personnalités religieuses (Sidi-Bou-Medienne, Sidi Bou Sa`id, ath-Tha`aliby,..) et les voyageurs (al-Idrissi, Ibn Battuta, Léon l’africain,......). Rappelons enfin que le Mahdi Almohade Ibn Tumert y déploya son activité réformatrice, notamment par sa prédication en langue berbère. Cest à Mellala, un petit village près de la ville qu’il rencontra le célèbre Abd al-Moumen (qui lui succédera à la tête de l’empire almohade) et lui enseigna sa doctrine unitaire.
Le milieu du XIV-ème siècle, fût marqué par la recrudescence de la (course ». Selon Ibn Khaldoun, les Bougiotes ne tardèrent pas à se signaler parmi les corsaires les plus redoutés des marins chrétiens. Voulant établir des comptoirs de type colonial sur la côte Algérienne, l’Espagne envoya Pedro Navaro pour s’emparer de la place en 1510. Les fortifications seront renforcées, mais la ville est saccagée et en particulier les palais Hammadites, qui subsistaient encore, seront détruits. Attaqués en 1513 par Aroudj, les Espagnols résistèrent et se maintiennent dans la place jusqu’en 1555. Continuellement bloquée par les autochtones, la garnison espagnole ne peut résister longtemps, magré la visite de l’empereur Charles Quint en 1541. C’est Salah Rais qui mettra le siège à la ville et obligera le gouverneur Espagno Don Alphonson de Peralta à capituler.
Avec les Turcs, Béjaia perdit son statut de capitale, même si elle continua encore à jouer son rôle de chantier de construction navale. L’occupation française de la ville commença en 1833. Béjaia et sa région opposèrent une résistance farouche et plusieurs événements historiques prouvent qu’elles ne cessèrent jamais d’être un foyer d’insurrection. Ainsi, Feraud, interprète de l’armée française, ,nous raconte les exploits d’une véritable figure de légende,
l’insaisissable Bou Baghla. Il y eu également la révolution de 1871, lorsque le vénérable Cheikh Aheddad proclama le Jihad, répondant ainsi à l’appel d’El-Mokrani. Il y eu aussi les évènements de Mai 1945, avec les massacres de Kherrata. Enfin, après le déclenchement de la lutte armée en Novembre 1954, il y eu à Ifri (près d’Ighzer Amokrane) le fameux congrès de la Soummam, qui constituera un tournant et dont les textes inspirent encore aujourd’hui la destinée de notre pays.
SOURCE: Actes du colloque International Béjaia et sa région à travers les âges, Editions Ass. GEHIMAB, Béjaia, Novembre 1997.
Une présentation de La wilaya
Répartition générale des terres
Contenue entre les grands massifs du Djurdjura, des Bibans et des Babors, la Wilaya de Béjaia s’étend sur une superficie de 3.261 Km² dont le territoire est réparti comme suit :

· Superficie agricole utile : 129.170 has
· Pacages et parcours : 32.038 has
· Terres improductives des exploitations : 3.587 has
· Superficie forestière : 122.000 has
· Terres non agricoles : 39.306 has
Ce territoire est marqué par la prépondérance des reliefs montagneux (3/4) , coupé par la vallée de la Soummam et les plaines situées prés du littoral :
- Au Nord : le massif du Bouhatem et le Massif du Djurdjura.
- Au Sud : le Massif du Bousselam et les babords
- Au Centre: la vallée de la Soummam .
L'altitude et la position par rapport à la mer introduisent d'importantes nuances sur le climat. La Wilaya reçoit en moyenne 670 à 1000 mm de pluie par an (718 mm en 1996, 514 mm en 1997 et 731 mm en 1998 soit 72 jours de pluie) d'ou l’existence d'un réseau hydrographique important dont les principaux Oueds sont : Oued Soummam ; Oued Djemaa ;Oued Agrioun ;Oued Bousselam et l'Oued Amassin.
La frange côtière qui bénéficie des influences maritimes à un climat doux et mieux arrosée que le reste du territoire. Elle reçoit en moyenne 800 à 1 100 mm soit 88 à 90 jours de pluies par an.

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